La robe vintage à 4 mains
Cette année a été assez rude dans ma vie perso : j’ai perdu mon grand-père en janvier puis ma grand-mère en mai. Je n’ai pas envie de m’étendre sur le sujet qui est personnel et est dans l’ordre des choses, mais dire adieu à des personnes qui ont beaucoup compté est très difficile.
Ma grand-mère était couturière de métier avant d’arrêter pour se consacrer à sa famille. Malgré tout, elle a toujours cousu sur sa superbe Singer à pédale et à habiller toute sa famille. Sans vraiment m’initier, elle me subjuguait lorsqu’elle cousait par la rapidité de ses mouvements de pieds. Je jouais des heures enitères avec sa boîte à boutons : je les observais, je faisais des dessins avec pendant qu'elle oeuvrait sur sa machine. J'ai de doux souvenirs avec mes cousines sur l'exploration de ses boutons. J’ai fait mes armes sur cette machine bien que je n’ai jamais réussi à coudre : je ne trouvais pas le rythme de la pédale et coupais le fil sans arrêt, un vrai échec.
Cette année donc, nous avons vidé leur maison pour la vendre et j’ai donc dû dire adieu à sa machine encombrante que je ne pouvais stocker. Mais j’ai récupéré tout son stock de tissus (énorme) et mercerie (plutôt petit pour le coup). Et dans ce stock, deux vêtements étaient semi coupé-monté.
Le premier était donc une robe en maille épaisse, très années 70, qui était coupée et partiellement assemblée : la pâte polo était cousue mais pas finie, les côtés, les pinces, le col et une manche étaient seulement bâtis à grands points.
En l’essayant elle m'allait à merveille, j’ai donc choisi de la finir : elle était si belle et montée à moitié par ma grand-mère, quel merveilleux souvenir ! Quelle chance j’ai de pouvoir terminer ses ouvrages qui avaient été pensés pour quelqu'un d’autre : je ne suis pas certaine que c’était pour elle, une de ses filles peut être, le mystère restera entier car personne ne le sait. Elle-même, ayant Alzheimer, ne s’en serait pas souvenu.
J’ai donc terminé cette robe, j’ai galéré pour les manches car il n’y avait aucun cran de montage, j’ai donc dû suivre mon instinct, il y avait beaucoup d’embus, mais je ne m’en suis pas trop mal sortie. Je l’ai peut être un peu trop raccourci, mais l’ourlet étant long, je peux me permettre de lui faire gagner 3 ou 4 cm.
Cette robe commence ma garde-robe d’automne avec la robe soubrette. Bien qu’actuellement le port du pyjama est plutôt d’actualité, je me languis de la porter à l’atelier. Je lui glisserai certainement un T-Shirt à manches longues d’ici là pour les courants d’air.
Mais qu’est ce que je l’aime cette robe à 4 mains. J’imagine très bien la fierté qu’elle pourrait ressentir tout en se demandant pourquoi je veux porter cette vieillerie. Elle me demanderait sans cesse si je n’ai pas trop froid, elle avait toujours cette douce attention de vouloir nous couvrir si l’on avait un trop grand décolleté!
Merci Mamy de m’avoir donné goût à la couture, merci d’avoir commencé cette robe sans savoir qu’une de tes petites filles pourrait la porter. Merci pour toutes ces années de bonheur à tes côtés. Vous nous manquez tellement.
Photos prises dans sa maison, devant sa cheminée vintage, tel un hommage.
Patron : inconnu au bataillon, probablement Burda, mais je n'ai retrouvé aucun patron. Elle ne patronnait pas à ma connaissance.
Taille : entre le 40 et 42
Tissu : maille en coton, probablement des années 70 et made in France je suppose.